Le processus de la professionnalisation du football togolais est à sa phase opérationnelle. C’est au travers d’un atelier dont l’ouverture officielle a été présidée par le Ministre des sports et des loisirs, Dr Lidi BESSI KAMA que cette phase supérieure a été lancée le vendredi 27 janvier 2023. Le CNO-Togo mais aussi et surtout la Fédération togolaise de football étaient présents. Entre espoirs et pessimisme, le gouvernement a encore du chemin.
Lancé depuis avril 2022 à travers la mise en place d’un comité de pilotage, le processus de la professionnalisation du football au Togo est entré dans une dynamique inclusive et participative. L’atelier du 27 janvier dernier traduit d’ailleurs la volonté manifeste de l’Etat à aller vers cette transformation et donner ainsi un nouveau visage au football togolais. A l’occasion donc, les acteurs ont fait le point sur les acquis et les actions déjà entreprises dans le cadre de cette mutation. Mais les appréhensions sembles être plus grandes que les espoirs. Beaucoup ont du mal à se lancer dans un chantier dont les contours ne sont pas clairement définis.
Tous les acteurs à savoir des membres du comité exécutif de la FTF, les responsables de clubs, les membres du Comité de pilotage du projet de professionnalisation du football, les responsables des ligues régionales, les personnes ressources, les représentants des ministères chargés de l’économie et des finances, de l’administration territoriale et du commerce, ainsi que la Chambre de commerce et d’industrie du Togo ou encore les représentants des associations de journalistes sportifs ont échangé sur le projet. L’essentiel à retenir, la professionnalisation du football voulue par l’ensemble des acteurs et soutenue par le gouvernement va impliquer la création d’une ligue professionnelle pour gérer les championnats.
Ainsi, 14 clubs seulement seront retenus pour la Ligue 1 et 16 pour la Ligue 2 après un appel à manifestation d’intérêt. Autrement dit, ces clubs professionnels seront retenus suivant des critères préalablement définis à savoir les critères sportif, financier et administratif. Ceci dans une logique de répartition territoriale, de sorte à n’avoir qu’un seul club éligible par préfecture pour chaque niveau de compétition. Ce critère de la territorialité s’explique par la vision du gouvernement d’asseoir une rationalisation des ressources, un meilleur ancrage territorial des clubs et une compétition relevée.
Les clubs ainsi sélectionnés devront se muter en sociétés sportives suivant les schémas retenus. Ils bénéficieront également d’un accompagnement financier de l’Etat pendant quelques années ainsi que des exonérations de la TVA sur les équipements sportifs destinés aux clubs engagés et des taxes fiscales sur une période.
Voilà lancé un véritable débat sur ce processus vu que la vision du gouvernement surtout sur la territorialité n’est pas partagée par les acteurs. Aller vers un club par préfecture prédisposent déjà certaines équipes à la disparition crie t-on dans l’opinion. Comment le pays de Faure Gnassingbé entend s’offrir le cadre propice pour ce projet alors que la question des infrastructures se pose? Comment l’État entend dissiper les craintes des uns et des autres alors qu’il refuse de communiquer sur le chèque de l’accompagnement qu’il prévoit faire aux clubs engagés dans cette professionnalisation ? Autant de zones d’ombres qui entretiennent la méfiance et surtout la peur des responsables de clubs surtout.
Mais au milieu de tous ces questionnements, madame le Ministre reste assez optimiste : « la concrétisation du projet de professionnalisation du football au Togo permettra également au gouvernement et aux acteurs concernés de rendre le football togolais beaucoup plus attractif, compétitif et profitable aux joueurs et aux investisseurs…. Pour le gouvernement, la professionnalisation du football togolais se présente comme le passage obligé pour attirer les investisseurs, des joueurs de haute gamme, de grande valeur marchande et surtout pour développer l’industrie du football ainsi que l’économie qui s’y attache » a insisté Dr Lidi Bessi-Kama.
Tout compte fait, l’on devra tôt ou tard aller vers cette option. Surtout que dans la sous-région seul le Togo baigne encore dans le football amateur. Va falloir donc, que chaque acteur mette du sien. L’état va devoir prendre ses responsabilités en sortant de son immobilisme quant il s’agit du financement des sports. Les clubs doivent pouvoir accepter de comprendre que pour faire des omelette, on doit casser les oeufs. Qu’on le veuille ou non, la révolution n’a jamais arrangé tout le monde. Mais la pertinence étant celle d’un élan vers le professionnalisme, l’on devrait s’y soumettre. Qui sait aujourd’hui, demain ou après demain.
Notons que d’autres rencontres ont précédé cet atelier notamment la rencontre des acteurs du 20 au 22 avril 2022 pour étudier et valider les textes fondamentaux de la ligue professionnelle, lesquels textes ont été adoptés par la FTF réunie en Assemblée Générale le 06 mai 2022. Le processus va se poursuivre avec le comité de pilotage, en concertation avec les autres acteurs, pour la concrétisation et le démarrage effectif des championnats de football professionnel au Togo. La projection est faite sur la saison 2023-2024.
